Visage de femme de face

Rémunération abusive du Conseil d’administration, vraiment?

Le Temps dans son édition du 3 novembre titre: « A Tridel, nos rémunération sont justifiées »

La ville demande un audit, car les rémunérations des administrateurs ont augmenté de manière significative.

https://www.letemps.ch/suisse/2017/10/31/tridel-nos-remunerations-justifiees

Une occasion de parler des rémunérations des administratrices et administrateurs de société.

Ce que conteste en gros la ville de Lausanne est que des administrateurs touchent des indemnités supplémentaires pour une période qui couvre la construction de Tridel.

Pourquoi les administratrices et administrateurs touchent-ils des indemnités?

Le rôle des administratrices et administrateurs de sociétés consiste à exercer la haute surveillance,  à décider de la stratégie et d »attribuer suffisamment de ressources pour la réaliser.

Contrairement aux membres de la direction, ces derniers portent l’entière responsabilité sur leurs propres biens en cas de manquement grave à leurs obligations. Pourtant le temps qu’ils investissent pour assumer cette responsabilité est encore très souvent sous-rémunéré. Les postes étant considérés comme honorifiques et peu productifs.

Cette perception surannée se retrouve dans la contestation de la ville de Lausanne.

Alors abusive ou non, cette rémunération?

La règle actuelle est de considérer qu’un administrateur devrait toucher 1.5 X le salaire annuel du directeur général rapporté au nombre d’heures consacré au Conseil d’administration. Ce multiplicateur se justifie du fait que les administratrices et administrateurs indépendants exercent la haute direction et en portent la responsabilité sur leurs propres biens, paient leurs prestations sociales et n’ont droit à aucune autre indemnité.

Lorsque l’on considère le travail cité dans l’article cité intégralement ci-dessous, cette rémunération semble au contraire tout à fait justifiée.

Le fait que certains renoncent ou non à cette rémunération au bénéfice de fondations ou autres œuvres… parce qu’ils en ont l’obligation par leur fonction politique,  n’est pas le sujet.

A vous de vous faire une opinion, abusive ou non cette rémunération en regard de la responsabilité? Vraiment sujet à audit?

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L’article 

Le Temps, 3 novembre 2017, citation intégrale de l’article, voir lien ci-dessus.

« La municipalité de Lausanne veut que son contrôle des finances puisse procéder à un audit sur les comptes de Tridel, l’usine d’incinération intercommunale de Lausanne. En forte hausse, le montant des honoraires versés aux administrateurs suscite l’incompréhension du syndic, Grégoire Junod, ainsi que l’a révélé le quotidien 24 heures. Président et administrateur délégué de la société, Stefan Nellen justifie les versements dont il a lui-même bénéficié.

  • Le Temps: Les honoraires versés aux administrateurs de Tridel pour l’exercice 2016 explosent. Comment le justifier?Stefan Nellen: Le terme explosion est mal choisi. La construction de Tridel a coûté 360 millions de francs, l’entreprise génère un chiffre d’affaires de 40 millions et réalise une marge opérationnelle d’environ 12 millions par an, ce qui nous aura permis de rembourser intégralement en dix ans une dette de 150 millions.

    – Ce poste de comptes est tout de même passé de 143 000 francs à 251 000 francs d’une année à l’autre, suffisamment pour alerter la Ville de Lausanne…

    – Le conseil d’administration a décidé d’accorder une rémunération particulière aux administrateurs sortants ayant œuvré de manière importante à la construction et la mise en œuvre de l’usine. Cette décision de principe a été prise en 2006 et appliquée déjà à plusieurs reprises.

    – Qui a bénéficié des rémunérations particulières portées aux comptes 2016?

    – L’ancien conseiller municipal Olivier Français, qui représentait la Ville de Lausanne, aurait pu bénéficier d’un montant de 80 000 francs, et j’ai moi-même reçu 50 000 francs, dont une rétribution spéciale de 20 000 francs et le solde sous forme de salaire.

    – Vous n’êtes pourtant pas sur le départ

    – Non, mais le conseil d’administration a voulu solder le passé une fois pour toutes, donc de manière anticipée dans mon cas. Olivier Français et moi-même sommes les derniers des six administrateurs ayant œuvré d’une manière particulière pour Tridel depuis le début.

    L’apport d’Olivier Français à cette réalisation a été énorme, je peux même dire qu’il nous a permis, grâce à ses compétences, d’économiser plusieurs millions de francs sur le coût du projet et les honoraires externes. En ce qui me concerne, j’ai depuis 2007 une rémunération à temps partiel comme administrateur délégué. Auparavant, j’ai travaillé pendant quatre ans sans salaire, uniquement comme administrateur.

    – Olivier Français explique à «24 heures» qu’on lui a proposé cette rémunération de départ mais qu’il l’a refusée.

    – Olivier Français n’a jamais perçu un seul centime à titre privé pour ce mandat, conformément à ses obligations de municipal. Il a été convenu de verser ce montant de 80 000 francs au Festival du film alpin des Diablerets, aux installations mécaniques d’Isenau ainsi qu’à une fondation historique des Ormonts.

    Le même principe avait été adopté et admis par la municipalité de Lausanne pour une rémunération d’Olivier Français perçue à Genève pour sa participation au projet du CEVA. J’ai moi-même versé 20 000 francs à un organisme culturel.

    – Cela peut donner l’impression qu’on s’octroie des cadeaux en petit comité!

    – Tout le contraire, ce ne sont pas des cadeaux, mais des rémunérations répondant à des prestations rendues. Ces rémunérations particulières ont été décidées par le conseil d’administration, puis auditées par PwC, enfin validées par l’assemblée générale.

    – Les décisions sur les rémunérations particulières 2016 ont été prises par le conseil d’administration. Qui y représentait la Ville de Lausanne?

    – Olivier Français n’était pas présent lorsque le conseil d’administration a pris ces décisions. Depuis la fin de son mandat, il a été remplacé par Florence Germond, qui était présente à l’assemblée générale qui a approuvé les comptes 2016. La réaction de la municipalité est donc très étonnante.

    – Le syndic de Lausanne conteste que l’on puisse verser des primes aux administrateurs au moment de leur départ.

    – Je le répète, ce ne sont pas des primes, mais une rémunération versée en toute transparence. Les montants sont justifiés eu égard au travail fourni, aux économies réalisées sur le projet et au succès de Tridel.

    – Quelle est la pratique habituelle pour rémunérer les administrateurs?

    – Le conseil compte neuf membres, moi-même et huit syndics ou membres d’exécutifs communaux. Chaque administrateur touche un forfait de 10 000 francs par an, de 20 000 pour le président. S’y ajoute une indemnité de 500 francs par séance. Cela correspond grosso modo à un total de 140 000 francs par an.

    – La municipalité de Lausanne veut un audit sur les comptes. Allez-vous accepter cette demande?

    – La décision appartient au conseil d’administration. Je ne m’y opposerai pas, mais j’ai des doutes sur l’utilité d’un audit. Nos comptes ont déjà été révisés par PwC. Il s’agit d’une démarche purement politique.